Un être humain dispose en moyenne de 30 000 jours de vie. Bon voilà, c’est dit. Vu sous cet angle… c’est plus parlant et peut-être même un peu effrayant.
L’idée de cet article n’est pas de vous vendre du développement personnel culpabilisant, mais de vous inviter à envisager les choses autrement. Et peut-être, pourquoi pas, à réfléchir à une « retraite » plus tôt qu’on ne l’imagine.
On parle souvent de carrière, de patrimoine, d’investissement, de réussite, comme si le temps que nous passons sur cette terre était infini. Pourtant, ramenée en chiffres, notre existence prend une autre dimension :
30 000 matins à ouvrir les yeux.
30 000 occasions de créer, d’aimer, d’apprendre, de partager.
Et, inévitablement, 30 000 moments qui peuvent aussi se dissoudre dans les obligations, les croyances ou les habitudes que nous n’avons jamais vraiment choisies.
Le plus troublant, c’est que beaucoup d’entre nous consacrent la moitié de ce temps à travailler. Parfois sans passion. Parfois même sans autre raison que la peur de manquer, la pression sociale ou la simple inertie. Nous avançons comme sur des rails tracés d’avance : études, emploi, crédits, retraite. Mais à quel moment nous arrêtons-nous vraiment pour nous demander si ce chemin est bien le nôtre ?
Ce n’est pas l’argent en soi qui est le but. Ce n’est pas non plus la retraite comme délivrance d’un travail. Le véritable enjeu, c’est comment nous dépensons nos jours. Chaque choix, chaque décision de rester dans une situation qui nous étouffe ou, au contraire, d’oser bifurquer, c’est un jour de moins… ou un jour de plus qui fait sens.
Ce que nous appelons la réussite mérite peut-être d’être repensé : non pas comme une accumulation de biens ou de titres, mais comme la capacité à se lever le matin avec l’élan d’aller vers ce qui compte vraiment pour nous. Il ne s’agit pas de tout bouleverser du jour au lendemain, mais de reprendre conscience que nous avons ce pouvoir.
Nos biais, nos croyances, nos règles intérieures, notre peur du changement nous enferment parfois plus sûrement qu’un contrat de travail ou qu’un prêt bancaire. Et souvent, nous restons enfermés dans une cage dont la porte est en réalité ouverte… simplement parce que nous n’osons pas la pousser.
Ces 30 000 jours ne sont pas une contrainte. Ils sont une ressource finie et précieuse. Une invitation à choisir avec soin. Investir son temps, au même titre que son argent, demande une stratégie, mais surtout une intention.
Alors, la question est simple : souhaitez-vous utiliser vos 30 000 jours à vivre la vie que vous pensez qu’on attend de vous, ou la vie que vous désirez réellement ? Oui la vie que VOUS PENSEZ qu’on attend de vous. Souvent, inconsciemment ou pas, nos choix sont portés par le regard des autres ou du moins l’anticipation de ce que nous pensons être le regard des autres.
Et au-dessus de toutes ces considérations, il y a un facteur essentiel : la santé. C’est souvent lorsqu’elle nous échappe que nous réalisons sa valeur. Comme le dit un proverbe arabe : « Un homme en bonne santé est un roi couronné, que seul le malade peut voir. »
Beaucoup de professionnels brillants auraient pu réduire leur activité bien plus tôt, s’ils avaient su reconnaître certains signaux. Non pas en se serrant la ceinture ou en renonçant à leur qualité de vie, mais en opérant une transition sereine, sans sacrifier leur liberté ni leur équilibre financier.
Avant d’aller plus loin, dissipons un mythe : il n’existe pas « un âge officiel » de la retraite, fixé à 65 ans, au-delà duquel seulement il serait possible de lever le pied. Ce chiffre est surtout culturel et en lien avec le capital nécessaire pour subvenir à ses besoins… En réalité, anticiper sa retraite ne signifie pas forcément perdre en confort. Le plus souvent, c’est un problème de perception ou… de calculs non réalisés.
On parle beaucoup de liberté financière. Malheureusement, le terme est souvent déformé. On voudrait nous faire croire qu’elle consiste à vivre uniquement de revenus passifs, à adopter un train de vie de millionnaire et à passer ses journées à voyager ou à s’amuser.
Mais la liberté financière n’est pas cela. Elle ne se résume pas à l’idée d’arrêter totalement de travailler, ni à transformer sa vie en vacances permanentes.
La vraie liberté financière, c’est le pouvoir de choisir. Choisir son rythme, ses projets, les personnes avec qui l’on veut travailler ou passer du temps. Choisir de ralentir quand on en a besoin, ou d’accélérer quand un projet nous passionne. C’est la possibilité de dire « non » à ce qui ne nous convient pas et « oui » à ce qui nous nourrit.
En ce sens, la liberté financière n’est pas une fuite du travail, mais une réappropriation de son temps. Elle ne consiste pas à se détacher de toute contrainte, mais à transformer ses contraintes en décisions conscientes.
Réfléchir à ses 30 000 jours n’est donc pas un exercice abstrait. C’est une invitation à examiner de près nos choix financiers, professionnels et personnels. Car au fond, la liberté ne se décrète pas : elle se prépare.
La retraite – ou plutôt la liberté financière – n’est pas une simple question d’âge. C’est une construction qui se mesure en décisions : savoir où va son argent, réduire ses dettes, diversifier ses revenus, préserver sa santé.
Autrement dit, vivre pleinement ses 30 000 jours, c’est aussi mettre en place les conditions qui rendent cette liberté possible. Voici donc dix signes qui montrent que vous pourriez être plus près de cette liberté que vous ne l’imaginez :
1. Vous savez exactement où part votre argent
Beaucoup pensent qu’il faut un patrimoine colossal pour cesser de travailler. Mais rares sont ceux qui connaissent leurs dépenses réelles.
Avoir une vision claire de ses charges mensuelles, c’est déjà reprendre le contrôle. Un simple exercice de suivi budgétaire sur 6 à 12 mois réserve souvent des surprises. Et c’est l’un des premier message fondamental qu’on vous transmet lors de nos séminaires. Oui c’est lourd, oui c’est pas fun pour rester poli, mais c’est tellement important pour vivre plus sereinement.
2. Vous avez remboursé votre prêt immobilier
Le logement représente souvent la dépense la plus lourde. Une fois le crédit soldée, la charge mensuelle baisse considérablement et l’objectif financier pour vivre confortablement diminue d’autant.
3. Vous pouvez accéder à vos avoirs de retraite
Beaucoup croient qu’il faut attendre 65 ans pour toucher leur épargne retraite. Selon votre situation, un accès partiel est parfois possible plus tôt, sans pénalités majeures. Cela peut permettre d’alléger son rythme de travail, de prendre des congés prolongés, ou d’explorer des projets mis de côté.
4. Vous avez « stress-testé » votre plan
Une bonne planification ne se limite pas au scénario idéal. Que se passe-t-il si les marchés chutent ? Si une dépense imprévue survient ?
Si votre plan reste solide après avoir envisagé ces hypothèses, c’est un signe de résilience.
5. Vous avez plusieurs sources de revenus
Prendre sa retraite ne veut pas dire ne plus rien gagner. Mais c’est ne plus dépendre d’un seul salaire. Loyers, dividendes, missions ponctuelles : chaque source alternative renforce votre liberté.
6. Vos placements sont diversifiés
Être « investi » ne suffit pas.
Être diversifié, c’est se protéger. Un portefeuille réparti entre régions, secteurs et classes d’actifs résiste mieux aux secousses économiques et politiques. On parle bien ici d’une répartition patrimoniale diversifiée 30-30-30-10 (financier, immobilier, professionnel et résiduels). Nous évoquons ceci dans plusieurs articles du blog dont celui ci. C’est peut-être la partie la plus longue à explorer, mais rien de sorcier avec du temps. On insiste également beaucoup sur ce point en séminaire. C’est le point le plus important avec le fait de connaitre ses dépenses.
7. Votre santé est au rendez-vous
La retraite n’est pas qu’une question d’argent, c’est aussi une affaire d’énergie.
Attendre 67 ans pour avoir du temps est une chose. Mais aurez-vous encore l’envie et les genoux pour gravir vos montagnes intérieures ou réelles ? Ce point là est le point zéro de toute chose. Sans la santé, on fait beaucoup moins de choses. Prendre soin de sa santé est pour moi au dessus de tous les autres points. « La santé n’est pas tout, mais sans elle, tout le reste n’est rien. » disait Schopenhauer.
8. Vous n’êtes plus épanoui dans votre travail
Le burn-out n’est pas de la simple fatigue : c’est un signal d’alarme.
Si votre métier vous épuise plus qu’il ne vous nourrit, pourquoi continuer à subir ? Réduire la voilure, ce n’est pas abandonner : c’est choisir ce qui a du sens.
9. Vous savez ce que vous feriez de ce temps
La retraite n’est pas une fin, mais un passage. Ceux qui l’abordent sereinement ont déjà une vision de ce qui les attend : voyages, bénévolat, apprentissages, moments partagés, création. L’important n’est pas seulement de s’éloigner du travail, mais de marcher vers autre chose.
10. Vous y pensez déjà
Si vous lisez encore ces lignes, c’est peut-être le signe le plus révélateur. La plupart des personnes absorbées par leur carrière n’ont pas le loisir de réfléchir à la retraite – ou plus largement à la liberté financière. Vous, si. Cela traduit un élan intérieur : curiosité, envie de changement, peut-être même une impatience douce.
Ne négligez pas cette voix. Elle vous invite à regarder vos options en face. Pas dans un « un jour peut-être », mais dans un « faisons les calculs et voyons où nous en sommes ».
Et si vous en êtes déjà là, c’est peut-être le signe le plus fort : une partie de vous sait qu’il est temps de passer à l’action. Car réfléchir à la liberté financière, ce n’est pas seulement une affaire d’argent. C’est surtout une affaire de temps, de vie, de ces 30 000 jours qui nous sont donnés.
La vraie richesse ne se mesure pas en capital accumulé, mais en la façon dont nous dépensons nos 30 000 jours. Chaque jour est une part de votre fortune de temps : dépensez-la avec intention, dans ce qui compte vraiment pour vous, avec vos proches, vos enfants, ou toute personne chère à vos yeux. Finalement, c’est tout ce qu’il nous reste à la fin.
Comptez vos jours non pour les économiser, mais pour les investir dans ce qui a du sens.
Et n’oubliez jamais, dans les moments de doute, d’épuisement ou de peur : l’argent n’est qu’un outil…
… Le vrai patrimoine, ce sont vos 30 000 jours.