Sacrée question, à laquelle je vous propose une réponse élaborée avec une métaphore sous forme de petite histoire.

Les ultras trails pourraient être considérés comme les courses les plus dures du monde. Prenez l'ultra trail du Mont-Blanc (UTMB) : 171 km et 10 000 mètres de dénivelé positif. Si vous faites parti des champions, il vous faudra plus de 19h pour avaler tous ces kilomètres. Sinon, beaucoup plus.

Faisons le parallèle entre une vie d'investissement et la complétion d'un ultra trail. Pourriez-vous y parvenir efficacement ?

Je pense que oui, avec la bonne allocation de portefeuille.

L'allocation de portefeuille représente les différentes catégories de produits dans lesquels vous investissez. Il s'agit de votre combinaison de classes d'actifs. Par exemple, les grandes actions américaines (actions américaines à grande capitalisation) représentent une classe d’actifs. Cela inclut des sociétés comme Amazon et Apple. Les petites actions internationales (International Small-Caps) représentent une autre classe d'actifs et ainsi de suite. Les actions "valeurs" (value) en représentent un autre. Les obligations en représentent encore un autre.

La diversification mondiale réduit le risque. Cela peut également faire croître votre patrimoine. Revenons aux ultras trails.

De nombreux coureurs pourraient se demander : "Quel est le moyen le plus rapide de terminer l'UTMB ?"

Remarquez que la question ne demande pas : "Quel est le moyen le plus rapide pour moi de terminer l'UTMB ?"

La réponse à la première question impersonnelle est simple : courir nu. Pas de short, de T-shirt ni de chaussures. Ceux-ci ajoutent du poids supplémentaire et donc du temps. Certaines personnes pourraient faire ça. Malheureusement, il existe une douloureuse contrepartie. Vos pieds mais aussi votre corps surtout aux niveaux des zones sensibles si vous voyez ce que je veux dire... Courir nu, c’est comme investir dans une seule classe d’actifs boursiers. Oui, d’un point de vue uniquement mathématique à long terme, les portefeuilles de fonds indiciels (ETF) composés à 100 % d’actions battent les portefeuilles indiciels diversifiés d’actions et d’obligations. Mais les mathématiques et les feuilles de calcul ne représentent pas de vraies personnes. Le fonctionnement d’une allocation et le fonctionnement des humains avec une allocation spécifique sont généralement deux choses différentes.

Certaines personnes aiment voir les actions chuter. Pendant ce temps, beaucoup d’autres préféreraient qu'elles augmentent plutôt que de voir la valeur de leur portefeuille chuter. Une telle peur (peut-être même une douleur) peut les empêcher de maintenir le cap. Cela peut les amener à vendre ou à cesser d’ajouter de l’argent. Ceux qui disposent d’allocations plus appropriées (comme des vêtements et un équipement approprié pour un ultra trail) dépassent souvent ceux qui ont surestimé leur tolérance au risque.

Alors maintenant question : quelle est la meilleure allocation pour gagner de l’argent ?

En fait, c'est personnel. Dans de nombreux cas, la réponse se trouve dans votre ADN. Dans le monde difficile de l'ultra trail, certains pourraient vouloir un équipement sur optimal. Mais votre rythme serait plus lent. Avoir un équipement sur optimal pourrait correspondre à être à 100% en liquidités et/ou en obligations court terme. Vous ne ressentirez aucune douleur lorsque les marchés s’effondreront. Mais vous ne créerez pas suffisamment de richesse pour prendre votre retraite. Certains risques sont nécessaires si vous voulez gagner de l’argent.

Cela nous amène à un portefeuille mondialement diversifié de fonds indiciels d’actions et d’obligations. Il s'agit de chaussures de trail robustes, d'une casquette, de genouillères, de coudières, ainsi que de chaussettes hautes et d'un T-shirt léger à manches longues. Oui, cela ajoute un peu de poids. Et oui, vous ressentirez toujours de la douleur lorsque vous glisserez sur des roches trempées. Mais en vous basant sur les performances de personnes réelles (et non sur celles d’une feuille de calcul), vous battrez la plupart des nudistes et toutes les personnes qui ont un équipement sur optimal.

Malheureusement, lorsque les investisseurs tentent pour la première fois de déterminer une allocation de portefeuille appropriée, ils ne réfléchissent pas toujours à ce qui leur conviendrait le mieux. Certains choisissent 100 % d’actions parce que c’est censé rapporter plus d’argent. D’autres choisissent l'équipement sur optimal parce qu’ils ont peur de prendre des risques. Certains disent : "je suis jeune, donc je peux me permettre ce risque".

Mais lors de la détermination de votre allocation, l’âge n’est pas le seul facteur à prendre en compte. C'est une base, une proposition. La formule 110-age à la dizaine pour la part action est ce qu'il y a de mieux niveau optimisation (si vous êtes dans la trentaine la formule donne une répartition 80% actions et 20% obligations par exemple). Mais c'est une base, pas un dogme. Les gens ne sont pas des machines. Les personnalités comptent toujours. Prenez Warren Buffett, 90% action et 10% obligation court terme. C’est considéré comme un portefeuille à risque très élevé. Mais c'est parfait pour lui, en regard de sa tolérance au risque, de sa vision de l'investissement et de la perte de capital. En revanche, vous avez des jeunes de 30 ans qui sont bien mieux adaptés avec 60 % d’actionss et à 40 % d’obligations. D’après la personnalité de ces jeunes, ils gagneraient probablement plus d’argent au cours de leur vie, avec moins de d'évènements douloureux. Cela ne veut pas dire que leur portefeuille ne pourrait pas chuter si ils détenaient 60 % d’actions et 40 % d’obligations. Il aurait chuté d’environ 17% en 2022. Mais un tel portefeuille connaît des baisses moins nombreuses et moins importantes que ceux avec des allocations d'actions plus élevées. Et ceci, sans prendre en compte d'un effet appelé le beta slippage et qui se manifeste souvent sur la vie d'un investisseur : car certes, le 100% action fait mathématiquement historiquement plus que les autres portefeuilles mais, sur très long terme. Juste pour rappel, lorsque vous perdez 50% (avec 100% actions), il faut faire +100% pour revenir à l'équilibre alors que si vous perdez 30% (du fait de 60% actions) il vous faut faire +43% pour remonter. C'est le béta slippage.

Avancer : c’est la partie la plus importante. Cela signifie continuer à ajouter de l’argent pendant les hauts et les bas du marché. Et même si le portefeuille 60-40, sur une feuille de calcul, ne devrait pas suivre le rythme de celui d’un investisseur à plus haut risque qui court métaphoriquement nu, il pourrait se retrouver avec beaucoup plus d’argent. Si vous êtes capable de maintenir le cap, de continuer à ajouter de l’argent et de ne pas vendre, hésiter ou vous lancer vers des allocations apparemment plus rentables, vous finirez par devenir plus riche que la plupart des investisseurs à haut risque. Après tout, la plupart des investisseurs surestiment leur tolérance au risque.

N’oubliez jamais : la performance d’un portefeuille et la performance que vous obtiendrez avec une allocation spécifique sont souvent deux choses différentes. Personne (peu importe qui) ne devrait jamais vous dire quelle allocation serait stricto sensu la meilleure. Après tout, vous êtes vous et personne ne vous connaît aussi bien que.. vous.