Si vous ne savez pas ce qu’est un ETF je vous invite à lire cet article.

Dans le même temps, si vous ne savez pas ce qu’est une obligation ni sa place dans la stratégie d’un portefeuille boursier, je vous invite à lire cet article et cet article.

Les bases étants posées allons-y ! Mais pour comprendre les iBonds et y percevoir l’innovation il est nécessaire de comprendre le fonctionnement des obligations "sèches" puis des ETF obligataires.


Les obligations "sèches" :

Je vais utiliser le terme obligations sèche pour que cela parle à tout le monde et pour simplifier. En finance, une obligation est dite "sèche" lorsqu'elle ne donne pas le droit d'être converti en action et respecte le mécanisme de prêt in fine qu'on décriera ci-dessous.

Ces obligations peuvent être étatiques ou d’entreprises. Concrètement, vous prêtez de l’argent à des États ou à des entreprises. Ce prêt est soumis à intérêts. Vous jouez donc le rôle de la banque. Cet intérêt appelé "coupon" vous est versé le plus souvent tous les mois et le capital prêté vous est rendu à échéance du prêt. En effet, ce prêt a une durée définit que l’on appelle "maturité". A maturité donc, on vous rend le capital emprunté et on vous aura versé les intérêts tous les mois. Techniquement, on vous verse l’intérêt annuel découpé en douze mensualités. Ce type de mécanisme de prêt s’appelle "in fine".

Vous pouvez acheter ces obligations sur les marchés, comme des actions. Leur prix, jusqu’à maturité, va donc fluctuer selon les taux obligataires. Prenons aujourd’hui par exemple une obligation à maturité 5 ans avec un intérêt à 3%. Si la semaine prochaine, une obligation, toujours à maturité 5 ans donne désormais un intérêt à 5%, qu’advient-il de mon obligation achetée à 3% ? Sa valeur diminuera. En effet, je peux avoir aujourd’hui un meilleur intérêt, 5%, pour la même maturité. Cela est-il gênant ? Cela dépend de votre stratégie. S’il s’agit d’une stratégie boursière long terme, cela importe peu. En effet, les obligations jouant le rôle de "couverture" et d’actifs "décorrélé" des actions l’idée est de les conserver jusqu’à échéance, où le capital sera remboursé intégralement. En effet, peu importe la valeur sur le marché de l’obligation, à échéance, vous récupérez le capital.

Alors chouette ! Me diriez-vous. Pourquoi ne pas constituer un portefeuille uniquement de ce type d’obligation au lieu des ETF obligataires souvent plébiscités ? Pour plusieurs raisons, pas insurmontables, mais voyons ça !

Le premier gros frein est le ticket d’entrée. Pour avoir accès à ce type d’obligations il vous faudra au minimum du minimum une dizaine de milliers d’euros, si ce n’est pas une centaine. Lorsque vous commencez à investir dans un portefeuille, il faudra du temps avant d’avoir ne serait-ce que 10 000€ d’obligations (et encore je suis gentil, c’est le plus souvent 100 000€). Et si vous atteignez ces seuils, pour que cela représente par exemple 20% de votre portefeuille pour une exposition 80% actions et 20% obligations, il vous faudra 50 000€ (40 000€ d’actions et 10 000€ d’obligations). Rien d’insurmontable si vous commencez avec un gros capital me diriez-vous. Mais retenez que le budget minimum est le souvent 100 000€. Cela dépend du type d’obligations (états, entreprises) et des pays.

Le deuxième frein est la liquidité. Même si la stratégie de cette détention est de garder les obligations jusqu’à échéance, si vous souhaitez-vous en débarrasser, vous pourrez, mais plus difficilement le marché étant moins liquide. Qui dit marché moins liquide, dit plus de frais. Un rappel non négligeable : si vous souhaitez vous en débarrasser, vous pouvez, mais au prix du marché qui, vous l’avez compris, dépend des taux obligataires du moment. Si vous avez de la chance, vous pourriez vendre plus cher si les taux baisses mais moins cher si les taux augmentent.

Un troisième frein est l’adaptabilité de vos obligations. Si les taux augmentent votre coupon ne variera pas. Ce qui peut réduire la rentabilité de votre exposition. A contrario, s’ils baissent, cela vous est profitable. Il en découle de ce point un surplus de volatilité car la valeur des obligations est soumise directement et immédiatement aux variations des taux obligataires.

Les ETF obligataires :

Maintenant que nous avons vu le fonctionnement des obligations "sèches", voyons les ETF obligataires.

Il s’agit de paniers d’obligations dans lesquels plusieurs obligations de maturités différentes sont présentes pour créer une moyenne. C’est pour cela que vous trouverez des "ETF 7-10 ans". Contrairement aux obligations "sèches", aucune obligation n’est conservée à échéance afin de respecter la moyenne définit par le panier d’ETF. Ceci crée donc un turn-over plus important permettant de garder une bonne adaptabilité aux variations des taux pour ce groupe d’obligations.

L’avantage de ce type d’obligations est l’accessibilité. Contrairement aux obligations "sèches" vous pouvez vous en sortir pour quelques dizaines d’euros.

Autre avantage, la liquidité : les ETF obligataires sont très liquides, avec des frais bien moindres comparativement aux obligations "sèches".

Contrairement aux obligations "sèches", le capital ne sera jamais remboursé et la valeur de vos obligations sera la valeur de marché lors de leur revente.

Pour toutes ces raisons, surtout d’accessibilité et de flexibilité, ce sont les ETF obligataires qui sont le plus utilisés par les investisseurs particuliers. Les obligations "sèches" sont surtout faites pour les institutionnels.

Les iBonds :

Maintenant que nous avons posé les bases, vous allez voir, c’est assez simple !

Les iBonds, vous donnent la flexibilité d’un ETF obligataire et l’échéance d’une obligation "sèche". Autrement dit, la seule différence avec les ETF obligataires c'est que les obligations sous-jacentes vont bien à maturité. Les iBonds sont d'ailleurs aussi des ETF.

Les iBonds sont échangeables à tout moment avec une assez bonne liquidité. N’oubliez pas dans ce cas, que le prix de vente à l’instant T dépend de la variation des taux obligataires.

Cependant aujourd’hui l’offre de Blackrock (lien) se limite à des obligations d’entreprises sur court terme. Il y a à ce jour peu d’obligations d’États.

Comment cela se passe-t-il à échéance ? A échéance, le fonds est liquidé et la valeur liquidative nette (la valeur du fonds) est divisée entre tous les investisseurs. Si entre-temps l’ETF a perdu en valeur du fait d’une remontée des taux directeurs, le fonds vaudra moins et vous ressortirez avec moins d’argent que vous aurez prêté en capital. Mais vous aurez eu votre rendement de x % assurée sur la somme investie de base au début.

En conclusion, ce nouveau produit est une belle évolution. Il permet de résoudre une problématique réelle sur le fait de pouvoir voir des ETF obligataires avec une maturité fixe et assurée. Mais à ce jour, c’est finalement un produit fait pour assurer un revenu fixe sur des années, tout en étant très flexible et accessible et cela reste un outil de plus pour les gros investisseurs et les institutionnels. Ne pas oublier que le risque à échéance existe toujours et que le remboursement intégral du capital investi n'est pas assuré contrairement aux obligations "sèches".