Beaucoup d’investisseurs débutants misent sur des placements qui leur semblent rassurants : livret A, obligations, immobilier... Pourtant, derrière cette impression de sécurité se cachent parfois des pièges silencieux. Dans cet article, on déconstruit les idées reçues, on explore les vraies définitions du risque et surtout, on vous montre comment penser comme un investisseur avisé. Spoiler alter : la volatilité n’est pas votre ennemie — mais l’érosion invisible de votre argent. Vous allez comprendre.

Donc reprenons.

La plupart des investisseurs ont l’impression de rester prudents avec leur argent.

Cette illusion de sécurité vient souvent d’un biais psychologique bien connu : l’effet Dunning-Kruger. Ce phénomène désigne la tendance qu’ont certaines personnes peu expérimentées à surestimer leur compréhension d’un sujet. En matière de placements, lire quelques articles ou suivre une vidéo YouTube peut donner l’illusion d’avoir tout compris aux rouages de la finance. Pourtant, plus on avance, plus on réalise à quel point l’univers de l’investissement est vaste et complexe (et aussi passionnant !).

Et je peux vous le dire sans détour : la majorité des investisseurs individuels se trompent sur ce que signifie réellement un investissement « sûr ».

Et cette erreur peut coûter cher. Très cher.

Qu’est-ce que le risque… vraiment ?

Commençons par un mot que l’on entend partout, mais que peu savent vraiment définir : le risque.

Combien de fois ai-je entendu : « Moi, je ne veux pas prendre de risques. » Mais quand je demande ce que cela signifie concrètement, les réponses sont floues, voire inexistantes. Car le risque, en investissement, n’est jamais absolu. Il dépend toujours du contexte.

Volatilité à court terme, perte partielle en capital, perte totale de capital (comme Warren Buffett), érosion monétaire par l’inflation, manque de liquidité... le risque prend bien des formes. Un placement peut paraître rassurant, alors qu’il grignote silencieusement votre pouvoir d’achat. À l’inverse, un investissement qui semble instable peut, sur le long terme, s’avérer très robuste.

Pour mieux comprendre cette idée, comparons comment les débutants et les investisseurs plus expérimentés et avisés évaluent les investissements, du plus « sûr » au plus « risqué ».


L’échelle du risque vue par les débutants

Cette première échelle est issue des travaux de l’expert financier Andy Hart. Elle classe dix types d’investissements selon la perception qu’en ont les novices, du plus rassurant au plus effrayant. Pour ceux qui ont assisté au séminaire cela va vous parler !

Du moins risqué au plus risqué (selon les débutants) :

1. L’argent liquide sur un compte bancaire : visible, simple, disponible. On sait ce qu’on a, et on peut y accéder à tout moment. Sécurité totale, non ?

2. Les obligations d’État : c’est l’État qui emprunte. Il promet de vous rembourser avec intérêts. Cela semble fiable.

3. Les obligations d’entreprises : même logique, mais cette fois avec de grandes sociétés privées. Ça paraît un peu plus risqué, mais encore solide.

4. L’immobilier : du concret, du tangible. « Les gens auront toujours besoin de se loger », entend-on souvent.

5. Les placements alternatifs (or, hedge funds, etc.) : souvent associés au prestige ou à la nouveauté, mais mal compris.

6. Les tendances du moment (« ce qui marche maintenant ») : crypto, intelligence artificielle, NFT… ça attire, mais ça fait aussi peur.

7. Les actions mondiales : la Bourse reste, pour beaucoup, synonyme de jeu de hasard, de krachs et de stress.

8. Les actions de pays émergents : des marchés lointains, inconnus, perçus comme instables et imprévisibles.

9. Les actions individuelles de grandes entreprises cotées en Bourse : acheter une action Apple ou Amazon semble déjà être un pari risqué.

10. Les actions individuelles des entreprises petites capitalisation cotées en Bourse : startups, jeunes sociétés… on pense gains énormes, mais surtout danger maximum.

Cette échelle ne reflète pas une vérité objective. Elle est simplement le miroir de notre instinct, forgé par l’ignorance, la peur de l’inconnu ou des idées reçues (coryances et règles, plus largement biais cognistifs).


L’échelle du risque vue par les investisseurs expérimentés

Les investisseurs aguerris ne se laissent pas impressionner par la volatilité à court terme. Ce qu’ils redoutent vraiment, ce sont deux choses : la perte permanente de capital et la perte de pouvoir d’achat sur le long terme.

Voici comment ils classent les mêmes dix investissements, mais cette fois avec une vision fondée sur les données, l’histoire et l’expérience.

Du moins risqué au plus risqué (selon les professionnels) :

1. Les actions mondiales (global equities) : c’est le socle de la création de richesse à long terme. En diversifiant sur des milliers d’entreprises à travers le monde, on capte la croissance de l’économie globale. Certes, c’est volatil… mais terriblement efficace sur 10 ou 20 ans. Le meilleur outil accessible à ce jour, l'ETF monde !

2. L’immobilier (diversifié, professionnel) : pas un seul studio dans une seule ville, mais un portefeuille géré de façon sérieuse et diversifié : commerce, bureau, logistique, et un peu d'habitation si vous le souhaitez. Il offre rendement et valorisation à long terme. Le meilleur outil en France pour ceci ? les SCPI !

3. Les actions des pays émergents : oui, ça bouge. Mais les rendements potentiels sont considérables. Et ces économies prennent une place croissante dans le paysage mondial. C'est une réalité qu'on ne peut pas occulter.

4. Les placements alternatifs (or, hedge funds, etc.) : souvent utilisés comme couverture contre la volatilité (oui, comme on le dit souvent dans le séminaire, à l'origine les hedge funds sont des outils de «couverture» avec les fonds de couverture. Puis en paralelle sont venus les fonds spécculatifs etc.. Hedge fund désigne la «gestion alternative» que l'on peut retrouver dans divers types de fonds comme les fonds spéculatifs, les fonds de couverture etc...). Peu lisibles, parfois décevants, mais rarement catastrophiques si bien gérés, notamment en terme de répartition avec par exemple maximum 10% de votre patrimoine net en or.

Ces quatre premiers types appartiennent à ce qu’on pourrait appeler la zone bleue : des placements qui peuvent fluctuer, mais qui, bien construits, protègent et valorisent votre capital sur le long terme.

5. Les obligations d’entreprises : moins volatiles, mais souvent battues par l’inflation. Elles rassurent à court terme, mais rapportent peu sur la durée.

6. Les obligations d’État : perçues comme stables. Mais en période de taux bas ou d’inflation élevée, elles deviennent sournoisement destructrices de richesse. Et lors qu'un changement brutal des taux directeurs survient en votre défaveur, si vous êtes concnetré en oblgiations d'Etats, vous pouvez perdre énormément du jour au lendemain. En effet si aujour'dhui je détiens une obligation qui me donne 2% par an achetée 100 et que demain la même obligation à 100 me donne 4%, la valeur de mon obligation à 2% payée 100 ne vaut plus que 50.

7. Le cash : utile pour les imprévus ou les projets à court terme. Mais attention : l’inflation, elle, ne dort jamais. Et votre argent perd de la valeur chaque jour.

Ces trois investissements appartiennent à la zone orange : rassurants en surface, mais potentiellement nocifs si on y laisse dormir son épargne trop longtemps.

8. Les actions individuelles de grandes entreprises cotées en Bourse : même les géants peuvent tomber. Nokia, Kodak, etc... Se concentrer sur une seule valeur t’expose à des risques spécifiques (scandale, disruption, crise sectorielle…).

9. Les actions individuelles des entreprises petites capitalisation cotées en Bourse : potentiel énorme, mais incertitude maximale. Même les pros se cassent parfois les dents. À réserver à une très faible part du portefeuille.

10. Les tendances du moment (« ce qui marche maintenant ») : NFTs, cryptos, exotiques, titres à la mode… c’est souvent là que les débutants se précipitent. Et c’est là qu’ils se brûlent.

Ces trois derniers appartiennent à la zone rouge : là où les pertes en capital sont non seulement possibles, mais probables sans discipline extrême.


Changer sa perception de la « sécurité »

Beaucoup associent la sécurité à la stabilité, à la prévisibilité ou à l’absence de mouvements brusques.

Mais dans le monde réel, la vraie sécurité, c’est la capacité de votre argent à préserver et augmenter ton pouvoir d’achat dans le temps.

Et pour cela, il faut accepter un certain niveau de volatilité.

La volatilité, ce n’est pas votre ennemi. Ce qui l’est, c’est de laisser votre argent s’éroder lentement sous l’effet de l’inflation dans des placements « confortables » mais stériles.

Les investisseurs les plus avisés ne fuient pas le risque. Ils l’embrassent — mais le bon type de risque : mesuré, diversifié, tourné vers la croissance.

Alors si votre objectif est de faire croître votre patrimoine, ne vous fiez plus à votre instinct… mais aux données.

Ignorez les modes. Acceptez les soubresauts. Et investissez dans ce qui fonctionne, de manière prouvée, depuis des décennies.