Le crowdlending ou encore prêt entre particuliers ou crédit communautaire (peer-to-peer / P2P lending, social lending) est un système basé sur le principe de prêt rémunéré. Vous allez prêter votre argent à des particuliers ou entreprises et vous allez toucher en échange des intérêts mensuels, trimestriels ou annuels. À la différence du crowdfunding, le taux de retour est connu à l’avance. Mais cela ne veut pas forcément dire que ce retour est garanti. Si la personne en face fait défaut, vous pouvez perdre votre investissement en partie ou en totalité.

En pratique comment cela se passe ? Vous passez par des intermédiaires. Le plus connu et celui avec le plus de surface financière étant Mintos. Vous avez ensuite PeerBerry, RoboCash. Les investissements se font soit dans un pool soit sur appel à projet d’investissement. Dans ce dernier cas, il faut être très rapide pour pouvoir y investir ! En gros, il faut y être à la seconde où la levée est lancée.

Quelle rentabilité attendre ? Cela dépend des plateformes mais cela va généralement entre 7-12% par an. Qui dit grosse rentabilité dit forcément… risques. En effet, le taux de défaut des plateformes varie beaucoup et est estimé entre 2% (chiffre fourni par RoboCash) et 15% (7% annoncé par PeerBerry, 10% annoncé par Mintos). On parle bien de défaut total pour ces chiffres et non de défaut partiel. Si on prend un taux de défaut de 10%, cela veut dire qu'en moyenne, 1 projet sur 10 proposés échoue. Pour statistiquement rentrer dans vos frais pour des investissements de 1 000€ à 10% d'intérêts par an sur des projets de 1 an (donc 7% après fiscalité en France, cf. plus bas) il vous faut 8 projets intégralement remboursés si on considère que vous réinvestissez à chaque fois dans un nouveau projet les intérêts gagnés du projet précédent. Ce qui laisse, vous en conviendrez, peu de marge pour un taux de défaut à 10% où 1 projet sur 10 échoue. Vous pouvez dans ce cas avoir 7 projets réussis, si le 8ème échoue totalement vous aurez tout perdu. D’où l'intérêt peut être de sécuriser une partie des gains, sélectionner un projet à moindre rentabilité et donc théoriquement à moindre risque de défaut. Mais même les "faibles rentabilités" restent intéressantes ! Après... vous pouvez vous dire que vous avez 90% de chance d'avoir raison et donc pour diminuer l'exposition dans le temps, partir sur une (grosse) somme en une fois... Les bons gestionnaires vous diront de diviser cette somme et de l'allouer à plusieurs projets. Tout ceci est le propre du portfolio et risk management. Et oui, l'argent facile n'existe pas ! Bon d'accord, on a pris un taux de défaut à 10% mais c'était pour marquer les esprits !

Pourquoi tant de variations dans les défauts ? Ces chiffres varient beaucoup plus plusieurs raisons : l’argent prêté l’est dans plusieurs zones géographiques. Les taux de défaut sont plus importants en Asie et aux UK par exemple (oui étrangement) qu’en Europe. Si vous avez la possibilité de choisir la zone d’affectation du projet, d’investir sur un projet avec une zone définie, privilégiez les zones à moindre défaut. Vous aurez néanmoins une rentabilité moins élevée.

Un point de vigilance à garder en tête : les garanties proposées par les plateformes. Encore une fois, assurez-vous de bien comprendre ces garanties avant de vous dire que tout est sécurisé. On reste d'ailleurs à disposition pour vous aider sur ces points-là !


Vous avez franchi le pas, vous avez investi, mais concrètement, comment vous sont versés les intérêts ? Encore une fois, cela dépend ! Soit tous les mois/trimestres/semestres/ans avec versement du capital investi à échéance (prêt in fine), soit versés tous les mois/trimestres/semestres/ans avec le capital (prêt amortissable classique), soit versés en 1 seule fois à l’échéance du prêt avec le capital.

Lorsque vous investissez, en fonction des plateformes, vous aurez des offres d'investissement pour des durées différentes. Chaque plateforme s’est spécialisée dans une durée afin de se démarquer. Vous pouvez aller y faire un tour et voir ce qu’elles proposent. Typiquement, vous trouverez des durées allant de 4 à 120 mois.

Le ticket d’entrée minimum est plutôt faible et dépend encore une fois des plateformes et des projets. Cela peut-être 10, 100 ou 1 000€.

Quelle fiscalité en France ? : C’est celle des valeurs mobilières pour un total de 30% sur la plus-value réalisée qui correspond donc ici au montant des intérêts. En cas de défaut partiel, vous pouvez être en moins-value et celles-ci sont reportables sur vos intérêts afin d’en réduire la fiscalité.


Une autre question se pose logiquement : peut-on faire confiance à ces plateformes ? Et bien… En théorie oui. C’est vrai que la plupart des sièges peuvent faire peur : Croatie, Lettonie etc… Mais généralement ces entreprises y sont pour des raisons fiscales et réglementaires liées à leur activité. Le mieux est de se renseigner, de se faire un avis par soi-même et de prendre connaissance de la tonne d’avis disponible sur internet à leur sujet.

Dernier point, cela peut aussi soulever des questions éthiques et cela est propre à chacun. Le crowdlending est historiquement dérivé du microcrédit et sert, encore à ce jour, majoritairement à des prêts à la consommation avec intérêts importants pour des personnes vivant dans des pays en voie de développement. La dualité usure démesurée / faire tourner l’économie se pose alors. C’est un sujet glissant mais passionnant qui nécessiterait des heures à élaborer. Assurez-vous que les projets dans lesquels vous investissez soient alignés à vos valeurs. Le gain ne doit pas être votre seul objectif.


En conclusion, le crowdlending reste un outil de diversification financier pour vos investissements et vous êtes bien le seul à même de juger si cet outil peut vous correspondre pour une certaine somme, un certain horizon de temps, un certain risque et peut correspondre à vos valeurs. Oui, nous ne le répéterons jamais assez mais l’investissement c’est tout ça réuni.