Investir exclusivement dans l'indice S&P 500, qui regroupe les 500 plus grandes entreprises américaines, peut sembler séduisant en raison de la performance historique récente (ces derniers années et dernières décennies) de cet indice. Toutefois, il est crucial de comprendre les risques et les limitations associés à une exposition uniquement aux États-Unis, et pourquoi une diversification géographique via un ETF monde est préférable. Oui je tranche la question d'entrée, prend parti et vais vous expliquer pourquoi, basé sur des faits.
Performances historiques et volatilité.
Il est vrai que le S&P 500 a surperformé de nombreux autres indices au cours des dernières décennies, avec un rendement annuel moyen d'environ, par exemple pour 2008-2018, 13.3% Cependant, cette performance n'a pas toujours été constante. Par exemple, de 1978 à 2007, les rendements des actions américaines étaient comparables à ceux des actions canadiennes et internationales, avec des rendements annuels de 11%, 10.6% et 10.4% respectivement. De plus, une étude a montré qu'un portefeuille diversifié comprenant des actions américaines, canadiennes et internationales a généré un rendement annuel de 11.3%, soit supérieur à celui du S&P 500 seul, tout en présentant une volatilité moindre.
Cycles économiques et boursiers.
Pour illustrer l'importance de la diversification, imaginons deux investisseurs en 1950 avec chacun 1 000$. L'un investit dans le S&P 500 et l'autre dans le marché japonais. En effet, savez-vous quelle était la zone géographique que tout le monde s'arrachait dans les années 80 ? Ce n'est pas les USA, c'est le Japon ! Entre 1950 et 1980 le Japon a surperformé de manière délirante les USA. Des chiffres pour vous rendre compte : si quelqu'un avait investi 1 000 $ dans les marchés américains entre 1950 et 1989, vous auriez eu 24 032 dollars. C'est très bien. Mais si vous aviez mis ces mêmes 1 000 $ dans les marchés japonais durant la même période vous auriez eu 462 739 $. Oui. Un autre monde. Beaucoup de monde a vu ceci. Beaucoup de monde s'est précipité pour acquérir des actifs japonais. Beaucoup de monde est entré dans le troupeau. Un troupeau qui conduisit au vide. En 1989 le marché japonais se crashe violemment. Depuis ce jour, il ne s'en est toujours pas remis complètement. Je vous laisse comparer vous même la performance du Nikkei 225 depuis 1989 face aux indices américains... Délirant dans l'autre sens.
- Investissement de 1 000 $ dans le S&P 500 en 1950 : cet investissement aurait atteint environ 24 032 $ en 1989.
- Investissement de 1 000 $ dans le marché japonais en 1950 : cet investissement aurait atteint environ 462 739 $ en 1989.
Cette comparaison montre une performance nettement supérieure du marché japonais et ce, jusqu'au krach de 1991. Cependant, les investisseurs japonais ont subi une stagnation prolongée après ce krach. Ceci souligne l'importance de ne pas se concentrer sur une seule région. Il aura fallu plus de 4 décennies avant un krach ! Les USA surperforment les autres zones depuis 1991. Mais cela n'a pas été toujours le cas en fonction des décennies : sur la décennie 2000-2010, les marchés internationaux ont mieux performé que les marchés américains.
Les économies et les marchés boursiers sont cycliques. Ce qui prospère aujourd'hui peut ne pas être le cas demain. Par exemple, dans les années 1980, le Japon était perçu comme une superpuissance économique en devenir. Les investisseurs se sont précipités vers le marché japonais, qui a ensuite connu un krach boursier en 1991, suivi d'une stagnation économique de plusieurs décennies (EuroNerd). À cette époque, investir exclusivement au Japon aurait conduit à des pertes substantielles, tandis qu'une diversification mondiale aurait permis de compenser ces pertes par des gains dans d'autres régions.
Le Japon est l'exemple le plus marquant, mais ce n'est pas le seul. Si on parle en terme de cycle économie et de géogrpahie pure, voici ce que nous retrouvons dans l'hsitoire :
- Les actions russes ont connu une perte de valeur de 100 % pendant la révolution bolchevique de 1912-1918 et pourraient ne jamais se redresser.
- Pendant la Première Guerre mondiale, l’Allemagne a connu un déclin de -99 % entre 1912 et 1923, et il lui a fallu 47 ans pour s’en remettre. Les obligations allemandes émises au cours de cette période ont perdu 95 % de leur valeur et ne se sont jamais redressées, même après une croissance excédentaire de 900 % depuis lors.
- Le Canada a subi un ralentissement de -79 % lors de la Grande Dépression de 1929-1932, et il a fallu 16 ans pour s'en remettre.
- Les États-Unis ont subi une chute de 85 % lors de la Grande Dépression de 1929-1932, et il a fallu 16 ans pour s’en remettre.
- Le marché chinois est devenu plus ou moins sans valeur après la guerre sino-japonaise et la révolution communiste de 1941 à 1950.
- L'Italie a chuté de -87 % au cours des années de plomb, de 1960 à 1977, et continue de se redresser.
- Au cours de la période de stagflation des années 70, le Royaume-Uni a connu sa pire période de repli, avec une perte de -72 %, et il a fallu 11 ans pour se remettre du krach.
- L'Espagne a connu une période de transition politique et d'inflation de 1973 à 1982, avec une baisse de -83 %, et il lui a fallu 26 ans pour se rétablir.
- La Corée du Sud a reculé de 91 % lors de la crise financière asiatique de 1989 à 1998 et continue de se rétablir.
- Le Brésil a connu une crise de sa balance des paiements entre 1994 et 1998, avec une chute de -77%, et continue de s'en remettre.
Tout ceci pour vous rappelez l'importance d'une diversification et réduction des risques.
Diversification et réduction des risques
La diversification géographique permet de réduire les risques spécifiques à une région. Le MSCI World Index, qui inclut environ 1 500 entreprises de 23 pays développés, offre une bien meilleure diversification que le S&P 500 (Investing in the Web, EuroNerd). Par exemple, alors que les États-Unis représentent environ 70% de l'indice MSCI World, cet indice inclut également des entreprises importantes d'Europe, d'Asie et d'autres régions développées, telles que Nestlé (Suisse), Roche (Suisse), et Toyota (Japon). Cette diversification protège l'investisseur contre les risques économiques, politiques ou spécifiques à une entreprise d'une seule région. A noter que l'incide monde FTSE, en prenant en compte les marchés émergents, pondèrent les USA à environ 62%. C'est pour cela que le MSCI world contient plus de pondération aux USA, en ignorant les marchés émergents. Nous avons écris un article à ce sujet aussi !
Le mythe de la domination éternelle des États-Unis
Il est tentant de croire que les États-Unis domineront toujours l'économie mondiale, mais l'histoire a montré que les équilibres économiques peuvent changer. Par exemple, après la Seconde Guerre mondiale, le Japon a connu une croissance économique rapide, surpassant même les États-Unis en termes de technologie et de productivité dans certains secteurs. Cependant, cette domination a pris fin brusquement avec le krach de 1991. Les investisseurs qui avaient misé exclusivement sur le Japon ont subi de lourdes pertes, illustrant l'importance de ne pas parier sur un seul pays ou une seule région.
Egalement de nos jours, les États-Unis luttent ardemment contre les nouvelles économies, notament celle des BRICS composées du Brésil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du Sud. La lutte est dure et les informations contradictoires sur qui est devant qui sont légions.
Conclusion
Investir uniquement dans le S&P 500 expose les investisseurs à des risques considérables liés à la dépendance à une seule économie. Une diversification géographique, en investissant dans un ETF monde comme le MSCI World, permet de réduire ces risques et de profiter des opportunités de croissance globale. En intégrant des actions de différentes régions, les investisseurs peuvent équilibrer les cycles économiques et bénéficier d'une croissance plus stable et durable. Cela fait d'ailleurs éco à l'article mindset de ce mois !
Pour une vision à long terme et une meilleure gestion des risques, il est essentiel de diversifier géographiquement ses investissements plutôt que de se concentrer exclusivement sur le marché américain. Ne vous laissez pas emporter par le biais de confirmation, ou l'effet Dunning-Kruger. Restez avec une stratégie diversifiée et robuste dans la durée.