Conflit Israelo Palestinien, attaques Houthis, guerre en Ukraine, il est difficile de ne pas ressentir de tristesse, de désespoir et de peur face à ces situations. Mais qu'arrive-t-il à ce monde ? Ce climat anxiogène et incertain peut vous faire douter ou créer de l'inquiétude pour vos investissements.

Dans les années 40, Maria Montessori a dit : "Le progrès n’est pas linéaire". En fait, le progrès de l’humanité suit une trajectoire comme celle du marché boursier lui-même. L’humanité s’améliore. Ensuite, il semble reculer. Ensuite, cela s'améliore à nouveau. Puis il recule.

Nos cœurs se brisent ou s'indignent chaque fois que nous entendons parler d’une catastrophe naturelle ou d’un conflit armé. Mais nous ne devons pas perdre espoir car il existe une tendance positive à long terme.

Vous vous demandez peut-être si, "à l’époque", nos ancêtres étaient en harmonie avec l'environnement, se promenaient en fumant des calumets de la paix et serraient tout le monde dans leurs bras ? Yuval Harari, célèbre historien, professeur d'histoire et auteur de best seller, vous dira non. Dans Sapiens : une brève histoire de l’humanité, il affirme que les Homo sapiens ont toujours été des combattants et des destructeurs. Lorsqu’ils sont entrés dans de nouveaux pays, comme l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale, l’Amérique du Sud et l’Australie, ils ont vaincu les plus grands mammifères jusqu’à l’extinction.

Vous connaissez peut-être les Néandertaliens. Non, nous n’avons pas évolué à partir d’eux. C’était un type d’humain différent, légèrement plus paisible. L'Homo sapiens les a probablement détruits. Et maintenant, les Néandertaliens ont disparu.

Mais malgré les parts sauvages qui pourraient être enfouies dans notre ADN, le monde s’améliore. Steven Pinker, psychologue cognitiviste et professeur à Harvard, décrit ces progrès dans son livre Enlightenment Now : The Case for Reason, Science, Humanism and Progress.

Oui, nous déclenchons toujours des guerres. Mais nous ne devons pas perdre l’espoir de pouvoir créer un monde meilleur. Selon Our World In Data, les graphiques décrivant les victimes de la guerre ressemblent à un graphique boursier à long terme inversé.

Les taux de mortalité infantile sont également plus faibles. Moins de personnes meurent de malnutrition. Les crimes violents sont en baisse par rapport à il y a 20 ans. Nous avons encore du chemin à parcourir en matière d’égalité raciale et de genre. Mais les recherches de Steven Pinker indiquent que ces domaines n’ont jamais été aussi performants.

De nombreuses espèces menacées reviennent. Les taux de pauvreté mondiaux et les taux d’alphabétisation atteignent des niveaux sans précédent. Les premiers diminuent au travers des années et les seconds explosent à la hausse. L’assainissement et l’espérance de vie sont meilleurs qu’ils ne l’ont jamais été.

Hans Rosling, médecin et statisticien suédois qui a passé une grande partie de sa vie à éduquer les gens sur le progrès humain, déclarait que la plupart des gens n’ont aucune idée de ces progrès. A qui la faute ? Vous pouvez pour le coup blâmer les médias et le biais cognitif de récence. Ce biais fascinant est celui désignant la facilité à se rappeler des derniers éléments d'une liste de stimuli que l'on doit mémoriser. Les médias faisant état pratiquement que de fait divers négatifs, cela impacte fortement votre perception du monde. La diète médiatique fait, au passage, vraiment du bien. De toute manière, vous aurez quelqu’un autour de vous, au travail ou dans votre entourage proche pour vous tenir informé.

Par ailleurs, cet effet de récence expliquerait que la durée de vie de la mémoire collective (les représentations qu'un groupe partage de son passé) serait en moyenne d'environ 80 à 100 ans. Oui, nous oublions le passé et notre histoire. C'est d'ailleurs pour ceci que vous avez l'impression (et ce n'est pas qu'une impression) que l'être humain oublie les erreurs du passé au travers des générations. Et que la transmission de l'histoire et des valeurs familiales au sein des générations sont loin d'être choses aisées, d'où l’importance pour certaines familles de la recherche frénétique du maintien de celles-ci. Mais peut-on en vouloir à l'Homme sachant désormais cela ?

Rosling a créé un QCM court et simple pour tester les connaissances des gens. Voici le QCM. Faites-le et demandez à vos amis de le faire. Presque tout le monde que vous connaissez échouera. Si vous le faites après avoir lu jusqu'ici votre score devrait être supérieur à la moyenne :).

Les progrès de l’humanité devraient vous donner de l’espoir : savoir que votre aide peut faire une différence.

Il y a aussi de l’espoir en sachant que les marchés sont résilients. Et que les conflits armés ne font pas chutés les actions sur le long terme, pas même sur le moyen terme. Cela peut paraître fou si vous écoutez les informations. Chaque jour, des "experts" à la télévision ou à la radio tentent de nous expliquer pourquoi les actions ont augmenté ou diminué. Ils pourraient dire que les guerres du pays ou à l’étranger entraîneront une baisse des actions. Et ils le font parce que les histoires valent mieux que des données, du point de vue du spectateur. Les histoires se vendent. Les histoires passionnent. Les données ne le font presque jamais. Mais les données elles-mêmes sont plus rassurantes que l’histoire.

Du point de vue d’un statisticien, la guerre n’a pas plus d’effet sur les marchés qu’un nouvel album de JUL.

Vous voulez une preuve ?

Ci-dessous, plusieurs conflits majeurs depuis 1914. Ils incluent la première guerre mondiale ; la guerre civile espagnole ; la seconde guerre mondiale ; la révolte arabe en Palestine ; la guerre de Corée ; la guerre du Vietnam ; la crise de Suez ; la guerre des Malouines ; l'invasion américaine du Panama ; la guerre du Golfe ; la guerre de Bosnie ; la guerre en Afghanistan ; la guerre en Irak ; la guerre de Syrie ; la guerre du Yémen (septembre 2014) et l’invasion Russe de l'Ukraine.

Pour étayer tout ceci, prenons le marché actions US car c'est là où il est le plus simple d'avoir les données.

Dans 60 % des cas, les actions étaient plus élevées un an après le début de ces guerres.

Dans 78 % des cas, les actions étaient plus élevées trois ans après le début de ces guerres.

Dans 93 % des cas, les actions étaient plus élevées cinq ans après le début de ces guerres.

En fait, la seule fois où les actions n’ont pas augmenté, c’est cinq ans après la guerre civile espagnole et la révolte arabe en Palestine de juillet 1936.

Certains conteurs pourraient dire que les guerres sont bonnes pour les actions. Mais c’est aussi faux. En ce qui concerne les marchés, ces performances ne sont pas très différentes d’un point de départ aléatoire.

Le progrès n’est pas linéaire. Cela ne l’a jamais été. Nous menons toujours des guerres. Mais nous avons des raisons d’espérer malgré les climats d'incertitude. Nous avons prouvé que nous progressions. De plus, l'histoire se répète et il n'est pas insensé de croire que ce n'est pas le cas pour les marchés. Pourquoi ? Changer les cognitions et les comportements d'un groupe est loin d'être une chose aisée et cela prend du temps, beaucoup de temps.

Nous devrions être gentils. Nous devrions faire preuve de compassion. Nous devrions aider les autres lorsque nous le pouvons avec nos moyens et à notre échelle. Et comme toujours, lorsque nous investissons, nous devrions éviter la spéculation et maintenir le cap avec optimisme.