Vous allez me dire : mais qu'est ce que c'est ça encore ? Un ETF c'est pas sensé être passif ?

Depuis une quinzaine d’années (bien qu'existants depuis 1990), les ETF ont révolutionné la manière d’investir en bourse. Devenus des outils incontournables pour les investisseurs particuliers comme institutionnels, ils ont permis une démocratisation de l’accès aux marchés financiers. Mais à mesure que leur popularité s’est installée, une nouvelle tendance s’est dessinée : celle des ETF « actifs ». Derrière cette étiquette qu'entends t-on par là, et est-ce une révolution ou un piège ?

Qu’est-ce qu’un ETF, vraiment ?

Un ETF (Exchange Traded Fund) est un produit financier qui permet de répliquer la performance d’un indice boursier. Il permet d’investir en une seule transaction dans un panier d’actions ou d’obligations, comme le S&P 500, le MSCI World ou l’Euro Stoxx 50. Il est coté en bourse, donc négociable à tout moment comme une action, et conçu pour offrir une exposition simple, transparente et à très faible coût.

L’ETF repose sur une gestion dite « passive » : son objectif n’est pas de battre le marché, mais de le suivre. C’est cette logique de simplicité et d’accessibilité qui a conquis des millions d’investisseurs.

Ok clair, mais quel est le poids des ETF dans le monde ?

Aujourd’hui, les ETF pèsent plus de 11 000 milliards de dollars dans le monde. On en compte plus de 11 000 différents, couvrant toutes les classes d’actifs, toutes les régions et toutes les stratégies. Aux États-Unis, environ 30 % des transactions boursières se font via des ETF mais, les ETF ne représente aux USA que 12% environ des actifs disponibles. Et c'est encore plus bas en Europe ! 

On peut dire sans exagérer que les ETF ont redessiné les pratiques d’investissement, en permettant une diversification immédiate et accessible pour tous.

Ok, mais que se passerait-il si tout le monde achetait que des ETF ?

Nous avons écrit un article ici à ce sujet ! La réponse rapide : pas grand chose !

Un autre malentendu revient souvent : acheter un ETF ferait mécaniquement monter les actions sous-jacentes. En réalité, cela n’est pas si simple.

Lorsqu’un investisseur achète un ETF, il le fait presque toujours sur le marché secondaire, c’est-à-dire qu’il achète les parts d’un autre investisseur. Il ne provoque donc pas directement un achat d’actions sur les marchés. Seuls des flux massifs vers l’émetteur peuvent déclencher des créations ou rachats de parts, mais même là, ces ajustements se font dans des proportions raisonnables grâce à des mécanismes d’arbitrage efficaces.

Les ETF suivent le marché, ils ne le dictent pas. Ils rendent l’investissement plus liquide et transparent, mais n’ont pas pour effet de « gonfler artificiellement » la valorisation des entreprises.

Bon, après ce rappel sur les ETF :

Les ETF actifs : qu’est-ce que c’est exactement ?

Un ETF actif est un produit géré de manière discrétionnaire (active) par un ou plusieurs gérants. Contrairement aux ETF passifs qui suivent un indice, ces ETF cherchent à battre le marché. Leur composition peut varier à tout moment, en fonction des choix du gestionnaire. Le reporting est souvent moins fréquent, et les frais sont plus élevés (0,30 % à 1 % en général, contre 0,05 % à 0,20 % pour les ETF passifs).

Le format reste celui d’un ETF – liquide, coté, facilement accessible – mais la logique de gestion est très différente. Ce sont, en réalité, des fonds actifs déguisés en ETF pour notamment profiter de la popularité de ce format.

Pourquoi ces produits explosent-ils ?

Plusieurs facteurs expliquent l’essor des ETF actifs. D’abord, l’environnement post-2022 a été marqué par une hausse de la volatilité, des taux d’intérêt, et des performances plus contrastées selon les secteurs. De nombreux investisseurs espèrent donc que la sélection active pourra faire mieux que la réplication passive.

Mais cette montée en puissance est aussi largement portée par le marketing. Le mot « ETF » rassure. Il évoque la simplicité, les frais faibles, l’accès direct aux marchés. Certaines sociétés de gestion utilisent cette image pour proposer des produits très différents, avec une gestion active, des frais plus élevés et des performances… parfois très aléatoires.

Le vrai sujet : que contient l’ETF ?

Ce qu’il faut retenir, c’est que l’ETF n’est qu’un contenant. Ce qui importe, c’est ce qu’il transporte.

Un ETF passif investi sur le Nasdaq est très exposé à la tech, et donc plus risqué. Un ETF actif peut être concentré sur des paris sectoriels ou géographiques. Dans tous les cas, il est essentiel de comprendre ce qu’il y a dedans : quelles entreprises ? Quelle stratégie ? Quelle géogrpahie ? Quelle durée ? Quelle devise ? Quel niveau de risque ? Quels frais ? etc...

Ne vous fiez pas à l’étiquette. « ETF » ne veut rien dire en soi : c’est un outil. Et un outil, comme un scalpel ou une pelle (pour ceux qui ont la ref...), peut faire du bien… ou des dégâts, selon l’usage qu’on en fait.

En conclusion, la montée en puissance des ETF actifs ne doit pas nous faire oublier l’essentiel. Ce n’est pas la forme du produit qui compte, mais son contenu. Alors attention lorsqu'on vous propose un ETF ! Vous pourriez sans le savoir avoir souscrit à un fonds actif. Comment savoir ? C'est clairement marqué dans le document d'information clé du produit ! Vous pouvez aussi voir sur just ETF, la fiche résumée qui le dit clairement. Finalement, vous l'avez compris, pour les investisseurs long terme que nous sommes, les ETF actifs, sont à éviter !

Un ETF peut être un allié précieux, ou un pari risqué. Le format ne garantit ni performance, ni sécurité. Il offre simplement une porte d’entrée. À vous, ensuite, de savoir ce que vous y mettez.

Avec Créat, on défend une approche lucide et responsable de l’investissement. Les étiquettes marketing sont souvent jolies, mais ce n’est pas ça qui fait fructifier un patrimoine. Restez curieux, regardez sous le capot, et investissez avec confiance… et conscience.