L'exemple : pourquoi une exposition avec un portefeuille 100% actions peut vous faire gagner moins sur le long terme ?

La question corollaire : un portefeuille constitué à 100% d'actions performe-t-il plus qu'un portefeuille plus équilibré sur le long terme ? On répond à ceci ici avec une nouvelle analogie !

On casse encore une fois tout suspens et on répond tout de suite. Oui et non. Une dimension est bien souvent oubliée, la dimension psychologique. On décrypte.

Tout le monde ou presque sait ce que cela fait de faire du vélo avec un pneu crevé. Vous avez sans doute déjà vécu ceci dans votre enfance et même peut-être après ! Vous le savez, rouler avec un pneu à plat demande beaucoup d'efforts.

Les vélos dont la pression des pneus est très faible, comme la plupart des gens le savent, sont vraiment difficiles à faire avancer. Plus les pneus sont gonflés, plus il est simple de pédaler, c'est un fait. Mais pour autant va-t-on plus loin qu'avec des pneus gonflés normalement ? Les pneus avec une pression d'air plus élevée éclatent plus facilement. Alors oui, avec des pneus surgonflés, vous allez plus vite, mais pas forcément plus loin. Vous sentez venir la chose ! Rouler avec des pneus plus gonflés fait prendre plus de risques de ne pas arriver à destination.

Ceci est similaire dans l'investissement et pas que boursier. Par exemple, un portefeuille constitué de 100 % d'actions est comme un pneu surgonflé. Bien sûr, avec le temps, il est censé aller plus vite (mieux performer) qu'un portefeuille équilibré de 80 % d'actions et 20 % d'obligations, ou qu'un portefeuille traditionnel 60/40. Mais la performance de l'allocation et celle de l'investisseur sont souvent deux choses différentes. On reprend : la performance de l'allocation elle-même diffère souvent de celle de l'investisseur qui possède cette allocation. Cette distinction est importante à comprendre. Comment est-ce possible ?

Par exemple, lors d'une baisse de 30 ou 40 % du marché boursier mondial, un portefeuille alloué à 100 % à un ETF boursier mondial chutera de 30 à 40 %. Non seulement l'investisseur subit "une crevaison", mais de telles baisses pourraient également briser son moral. Et c'est là que la différence se fait. Un tel investisseur pourrait poursuivre son engagement en DCA (Dollar Cost Averaging = investir tous les mois la même somme sur les mêmes produits sans se préoccuper des variations de marché) mais les émotions peuvent faire dérailler le plan initial du DCA. L'investisseur pourrait hésiter à se mettre sur le bas-côté, attendre et reprendre la route avec son vélo uniquement lorsque les marchés reviennent « à la normale ».

Ce comportement est courant et cela peut coûter de l'argent aux investisseurs alors qu'ils restent à l'écart en attendant que les prix augmentent à nouveau. Ou, pire encore, ils sont attirés par la spéculation. Ils pourraient être tentés d'acheter de l'or ou du Bitcoin dans un effort souvent vain pour réduire les pertes à court terme.

La plupart des investisseurs surestiment réellement leur tolérance à la volatilité des marchés. Ils croient qu'ils peuvent surmonter n'importe quoi jusqu'à ce qu'un coup les fasse tomber.

En revanche, avoir un portefeuille qui comprend des ETF obligataires est comparable à rouler avec des pneus moins gonflés. Ces portefeuilles "à faible pression" ont moins de chances de finir à plat. Par exemple, si le marché boursier s'effondrait de 30 à 40 %, le portefeuille de ces investisseurs ne chuterait pas autant. Psychologiquement, cela peut aider les investisseurs à rester sur la route. Si vous pensez que mon analogie est douteuse et simpliste, les recherches de Morningstar, cependant, indiquent qu'il pourrait y avoir quelque chose de ce type. Voyons d'abord ci-dessous la performance de trois portefeuilles au cours des 25 dernières années se terminant le 31 décembre 2021.

Comment les allocations ont performé sur les dernières 25 années ?

Morningstar (société de notation de fonds et de produits financiers) s'intéresse beaucoup à l'évaluation de la performance des fonds par rapport à la performance des investisseurs dans ces fonds. Par exemple, les dix dernières années se terminant le 31 décembre 2020 auraient dû être douces pour les nerfs des investisseurs. Au cours de cette décennie, les actions américaines n'ont connu qu'une seule année civile de baisse : seulement 5,26 % en 2018.

Il est rare d'avoir une décennie avec une seule année civile de déclin. Psychologiquement, ce fut l'une des décennies les plus faciles de l'histoire pour investir à 100 % dans des actions.

Pourtant, Morningstar a constaté que les investisseurs dans des fonds 100% actions ou 100% ETF sous-performaient considérablement la performance de leurs fonds. Si nous faisons la moyenne de la sous-performance des investisseurs dans les fonds d'actions du marché boursier américain, les fonds d'actions internationales et les fonds sectoriels, les investisseurs ont sous-performé leurs fonds de 2,17 % en moyenne par an au cours des dix années se terminant le 31 décembre 2020.

Morningstar a également constaté qu'au cours des mêmes 10 années, les investisseurs dans des fonds ou avec des portefeuilles équilibrés ont sous-performé les rendements affichés de leurs fonds de seulement 0,69 % par an. En d'autres termes, la diversification a aidé ces investisseurs à maintenir le cap.

Si la recherche de Morningstar s'étendait sur 25 ans (de 1996 à 2021, tableau ci-dessus), la différence de comportement entre la performance des investisseurs en fonds d'actions et celle de leurs fonds eux-mêmes aurait probablement été pire. Après tout, cette période de 25 ans comprenait deux marchés baissiers douloureux : 2000-2002 et 2008-2009. En d'autres termes, il est tout à fait possible que l'investisseur moyen avec une allocation équilibrée batte l'investisseur moyen avec 100 % d'actions.

Même si intrinsèquement une allocation de 100 % d'actions américaines battait une allocation de 60 % d'actions / 40 % d'obligations de 1,64 % par an (de 1996 à 2021), l'allocation équilibrée donnait aux investisseurs les plus conservateurs un avantage comportemental de plus de 1,64 % par an, ils auraient donc battu l'investisseur moyen avec des pneus surgonflés.

Une large diversification, après tout, aide à calmer les nerfs des investisseurs. Et c'est ce qui est le plus important : rester sur la route, continuer à pédaler, ajouter des sommes régulières à ses portefeuilles contre vents et marées. Ou, si un tel investisseur était à la retraite, conservait son sang-froid et retirait quelque chose de proche de 4 % par an ajustés à l'inflation.

Investir est simple. Mais notre structure émotionnelle rend rarement les choses faciles. Alors, considérez les risques d'investir à 100% dans des actions. L'histoire dit que ces portefeuilles roulent bien, à long terme. Mais la question la plus importante est : « Comment ROULEZ-VOUS bien ?

Cette analogie n'est pas valable qu'en Bourse et peut s'appliquer largement à tous les types d'investissement ! Les émotions n'ont pas de barrières.